Introduction - La Christianisation des Temps

« Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel. »
Ecclésiaste 3,1

Devenu religion d’Etat au IVème siècle, le Christianisme entrepris d’organiser le cycle chrétien. Héritier à la fois de l’empire romain et de la religion de Moïse, les différents conciles vont intégrer de multiples fêtes païennes et chercher à s’éloigner toujours plus des rituels juifs (concile d’Elvira, IVème siècle). La christianisation du calendrier hérité de Jules César sera réalisé au IXème siècle et ne variera guère ensuite.

D'abord, nous étudierons la conquête du temps par les hommes. En effet, les agriculteurs ont besoin d’un calendrier solaire leur permettant de connaître le retour du cycle des saisons afin de définir notamment l’époque des semailles; les pêcheurs ou les nomades ont besoin d’un calendrier lunaire afin de déterminer le cycle des marées ou de prévoir les nuits où il sera possible de voyager à la clarté de la Lune. Puis c’est fait sentir le besoin de chronologies plus techniques, afin de rythmer les fêtes religieuses, de régenter la vie économique, commerciale et fiscale, de déterminer les renouvellements du pouvoir politique et les activités militaires… bref, de coordonner les activités humaines. La réforme du calendrier romain par Jules César constituera l’aboutissement de cette entreprise humaine de contrôle du temps. C'est le rythme hebdomadaire, avec son axe dominical, qui a structuré le temps liturgique des premiers chrétiens : chaque dimanche, l'"unitotalité" du mystère du Christ mort et ressuscité était célébré par le rassemblement ecclésial et l'eucharistie. Nous verrons alors la ponctuation de la semaine par un jour de repos, bien que celle-ci ne soit qu’une étape dans la christianisation de l’année.

Ensuite, nous assisterons à l'organisation organisé par l'Eglise de la liturgie tout au long de l'année. L’empire tardif ne connaissait pour seuls jours fériés que les jours des fêtes païennes du monde gréco-romain. Nombreuses sont ces fêtes païennes et populaires qui ont été transformées par l’Eglise et plus ou moins bien maîtrisées à son profit. L’objectif est d’imposer une méthode de pensée par l’instauration d’une discipline stricte faite de pénitences, de jeûnes et d’abstinences sexuelles. Il s’agit également de réglementer la vie économique et de régenter le temps de la guerre. Au-delà, il s’agit également pour l’Eglise d’inscrire dans un cycle annuel, les différents aspects du mystère pascal, de l'Incarnation et de la Nativité jusqu'à l'Ascension et au jour de la Pentecôte. Le Christ est venu, il est mort, il est ressuscité, il reviendra dans la gloire. L’énoncé du mystère pascal est relativement simple. Cependant, les implications théologiques et spirituelles échappent à la plupart des croyants de confession chrétienne. L’enjeu est de faire entrer le temps de Dieu dans le temps de l’homme, en permettant à ce dernier de vivre le mystère pascal dans l’attente des temps eschatologiques. Nous analyserons donc la christianisation des siècles, faisant ainsi entrer la notion d’éternité dans le calcul du temps par la création de l’ « Anno Domini ».